Pourquoi les gens arrogants sont-ils si attirants ? [Pv Jas le chat]

- Lucille, il y a des clients à la table 7! ma cria ma patronne.
- Oui, oui, dis-je dans le vague.
Comme si je n’avais pas remarqué. Cette vielle folle me prenait vraiment pour une imbécile. Bien que ce soit ma deuxième journée de travail à l’Auberge de la Chope Ambulante, je savais voir arriver et partir les clients, bien que beaucoup d’entre eux tentent de se cacher afin de s’en aller sans payer. J’allai voir les clients de la fameuse table 7 et pris leur commande. L’un d’eux n’arrêtait pas de promener ses yeux sur moi et je lui assénai un coup derrière la tête. Ça lui apprendra. Il me regarda ensuite partir, éberlué qu’une femme aussi délicate et de petite taille que moi ait pu le frapper. Bien que petite et mince, j’avais une force physique étonnante, due au transport de marchandises lourdes dans le temps ou je travaillais sur la ferme de mon oncle. Je n’avais jamais aimé faire le ménage et, ayant six sœurs, mais pas de frère, ma famille avait bien besoin d’une personne faisant les travaux manuels. Retournant vers le comptoir, je versai deux chopes d’une bière de médiocre qualité et allai leur servir.
Quand de nouveaux clients entrèrent, j’avais heureusement déjà déposé les boissons sur la table sinon je les aurais échappées. Un homme de grande taille tenait sous son bras un nain affublé d’un chapeau de plumes multicolores qui semblait assommé. L’homme déposa le nain sur la table 3, s’assit et posa ses pieds sur la pauvre petite personne qui semblait peu à peu reprendre ses esprits. Il me héla ensuite comme si je n’étais qu’un vulgaire animal ou un esclave. J’arrivai à côté de lui, l’observai et repartis en coup de vent. Deux grogs? Très bien. Il allait les avoir, ses grogs. Ma patronne occupée à autre chose, j’en profitai pour remplir deux verres de la boisson commandée et en m’approchant de sa table, je fis semblant de trébucher contre quelque chose et je laissai tomber les verres sur l’home arrogant. Enfin, c’est ce que j’aurais voulu faire, mais les yeux du nain – désormais réveillé- se fixèrent du moi et je laissai tomber mon plan. Je m’approchai simplement de la table, déposai brusquement un des verres et, sans pouvoir me retenir je lui versai le second sur la tête. Sur ce, je m’enfuis de l’auberge, mon temps de travail étant presque terminé.
Le lendemain matin, je retournai à l’auberge et ma patronne me regarda avec des yeux sévères.
- Lucille, vous savez que la prochaine fois que vous partirez ainsi avant la fin de votre quart de travail, je serai obligée de vous renvoyer.
- Mais Madame… un client m’a fort importunée et si je n’avais pas fui, je n’ai aucune idée de ce qu’il aurait pu subir.
- Enfin, je vous pardonne cette fois, mais la prochaine fois, je devrai agir.
- Bien Madame.
Sur ce, j’enfilai mon habit de serveuse, un robe plutôt courte et froufroutante. Je servis les premiers clients, des alcooliques présents à 8h du matin. Durant la journée, je dus rattraper bon nombre de clients afin de les forcer à payer et je dus en gifler plusieurs – vous avez surement déjà remarqué à quel point je suis violente - qui avaient tenté de me toucher. Je vis alors entrer un client qui m’était légèrement familier.

Le fameux client familier était finalement l’homme de la journée d’hier, l’arrogant sur lequel j’avais versé son grog. Ne voyant aucune raison de m’attarder sur cet idiot, je me détournai et continuai de prendre la commande d’un autre client. Peu de temps après, je sentis un liquide tiède couler entre mes omoplates jusqu’à… enfin bon. La voix de l’homme qui trainait un nain le jour auparavant retentit à mes oreilles :
- Ainsi, nous sommes quittes.
Je me retournai pour lui balancer un coup de poing à la tête, mais il était déjà sorti dehors. J’hésitai un moment, enlevai mon tablier et sortit en courant dans la rue bondée. La place du marché était surpeuplée, en cette chaude journée d’automne et j’eus du mal à repérer ce pauvre fou assoiffé de vengeance. Heureusement sa tête dépassait de loin celle des autres dames faisant leurs courses.
- REVIENS ICI, SAL FOU! ESPÈCE DE PEUREUX! TU N’OSES MÊME PAS TE BATTRE CONTRE UNE FEMME?
Cependant, il ne s’arrêta pas, ne m’ayant probablement pas entendue. Je retournai alors à l’auberge, consciente que si ma patronne avait remarqué mon départ, je serais dans le trouble. Et comme de fait, je fus presque renvoyée. En rentrant, ma patronne me regarda entrer avec colère et elle finit par paraitre surprise. Je finis par me souvenir, en me passant la main dans les cheveux qui étaient humides et collants, que l’homme au nain m’avait versé de l’alcool sur la tête.
- Écoutez, mademoiselle Lucille, vous ne pouvez pas quitter votre travail ainsi, je serai malheureusement obligée de faire quelque chose, cette fois-ci. Tout cela pour dire que je vous renvoie.
- Non! Je vous… promets que je ne le referai plus, c’est simplement que le client d’hier m’a versé une bière sur la tête, je vous en conjure, ma famille va me jeter dehors si je ne travaille pas!
En plus d’être plutôt violente, j’étais une menteuse hors pair, ce dont j’étais très fière. Oui, je sais vous ne devez pas être très fière de moi, j’ai beaucoup de défauts… Mais passons. Premièrement, ma famille ne me jetterait jamais dehors parce que je me ferais renvoyer, ils ne réagiraient tout simplement pas. J’étais celle du milieu, la fille un peu mise à l’écart, bien que je sois très jolie, enfin, selon les rares personnes qui me l’avaient dit. J’avais de longs cheveux bruns et bouclée qui m’arrivaient aux épaules, des yeux bleus si pales qu’ils semblaient transparents, mais ceux-ci me donnaient un air sérieux, dangereux – ce que j’avoue être un peu… - et un corps mince et fragile. Fille d’un riche bourgeois, j’aurais très bien pu marier un splendide dignitaire. Cependant, mes sœurs étaient toutes blondes aux yeux bleus, un bleu accueillant, contrairement à moi. Elles avaient déjà toutes un mari planifié, mais on aurait dit que ma famille ne se souciait jamais de moi. Enfin bref, ma patronne me crut.
- Oh, ma pauvre Lucille, ne vous inquiétez pas, je ne vous renverrez pas! Je ne croyais pas que vous aviez tant besoin de ce boulot!
Je ne pensais pas que ma patronne ma croirait autant.
- Eh bien, merci, Madame… Je... continue, là?
- Oui, mais remettez cet uniforme, dit-elle en me tendant ma tenue souillée. Oh laissez tomber, je vous en apporterai un autre, ajouta-t-elle.
- Merci, Madame.
Maintenant mon problème de renvoi résolu, je n’attendais que le retour de mon cher arrogant pour qui je réservais une belle surprise…